L'Industrie de la pastille

pastille vichy
 ➵ La naissance de la pastille Vichy remonte à 1825. Elle a été élaborée par le chimiste Jean-Pierre-Joseph D'Arcet, membre de l'Académie de médecine.
 ➵ En 1856, la pastille Vichy adopte la forme octogonale qu'on lui connait aujourd'hui et en 1885, un décret reconnaît l'originalité de cette pastille.
 ➵ C'est donc une "confiserie historique" et un réel emblème du patrimoine local qui a rejoint en 2017, parmi d'autres marques iconiques, l'entreprise Carambar &Co. Plus de 1200 tonnes de pastilles Vichy sont fabriquées chaque année à la pastillerie de Vichy. Ce lieu est non seulement un atelier de fabrication mais aussi une destination qui attire plus de 20 000 visiteurs par an.
La pastille Vichy est confectionnée à partir des sels minéraux extraits de la source Chomel. Avec son parfum menthe, la Véritable pastille Vichy vous apporte une agréable sensation de fraîcheur.
 ➵ Initialement, les pastilles sont fabriquées à partir d'une pâte molle, passée au rouleau et dans laquelle on découpe chaque pastille à l'emporte-pièce. Moinet, confiseur et pastilleur grâce à sa source de Hauterive, invente une comprimeuse qui densifie la pastille et mécanise sa fabrication. Mais le goût de la clientèle l'amène à l'abandonner jusqu'à ce que la Compagnie fermière l'adopte également en 1953.
 ➵  Le succès des pastilles à l'exposition universelle de 1855 engage la Compagnie fermière à créer la Société des produits de Vichy, intégrée à la Compagnie dès 1862, et à construire, à l'emplacement de l'actuel Grand établissement thermal, une première pastillerie industrielle à Vichy, les pastilles étant jusque-là fabriquées à Paris.

La chaîne de production comprend :
  1 - l'extraction des sels bruts, par évaporation®; leur essorage avant leur bi-carbonatation, leur bi-carbonatation puis leur broyage.
  2 - le découpage des pains de sucre à la scie circulaire, le broyage et le blutage du sucre, le broyage à la meule des sels minéraux cristallisés à froid, le mélange des sels et du sucre additionnés de gomme adragante.
  3 - le pétrissage avec un peu d'eau de la pâte obtenue, étalée au rouleau sur une table de marbre, puis le laminage et le passage entre deux rouleaux de cuivre gravés en creux qui impriment les pastilles et les découpent.
  4 - le séchage à l'étuve sur des claies de parchemin et enfin le conditionnement dans des boîtes de carton, puis de métal.

 ➵ Vers 1880, le malaxage de la pâte est effectué par une machine.
 ➵ En 1895, la construction d'une nouvelle pastillerie, à l'angle de l'avenue thermale et de la rue de la Compagnie, s'accompagne de l'adoption d'appareils d'évaporation plus rapides et d'un outillage entièrement mécanisé. Un magasin de vente y est associé, ainsi qu'un laboratoire d'analyses chimiques et bactériologiques. On décrit alors une "usine modèle" de plus de 1 000m2 où travaillent 90 employés, hommes et femmes. Cette usine fonctionnera jusqu'à la construction de la pastillerie de 1953, boulevard de l'Hôpital, suivie de celle de l'actuelle pastillerie en 1978, allée des Ailes.

Un poids économique
 ➵  Peu après la publication de son invention, d'Arcet envisage sa commercialisation et son exportation en Angleterre.
 ➵  Dès le Second Empire, les dépôts d'eaux minérales de Vichy en proposent et la presse étrangère publie des publicités.
 ➵  En 1876, la fabrication des pastilles par la seule Compagnie fermière atteint 125 à 130 kg par jour, et la production annuelle dépasse 54 millions de pastilles.
 ➵  En 1910, elle produit 84 745 kg de pastilles.
 ➵  À la fin du XXème siècle, la production annuelle contrôlée par la Compagnie atteint 3 000 tonnes de pastilles « Vichy » tandis que le confiseur Moinetproduit 250 tonnes de pastilles du "Bassin de Vichy".

La Concurrence
Dès les débuts de la commercialisation de la recette de d'Arcet, une concurrence se fait jour entre ses fabricants. Concessionnaires de l'Établissement thermal.
 ➵ De 1833 à 1841, les frères Brosson en produisent et vont poursuivre cette production après l'échéance de leur concession, à partir de leurs sources privées. Ils sont concurrencé par des pharmaciens : Pierre Batilliat, François Bru, Nicolas Larbaud.
 ➵ Sous le Second Empire, les religieuses de l'Hôpital de Vichy en préparent et en vendent dans leur pharmacie en utilisant l'eau de la Source de l'Hôpital. Le bénéfice annuel atteint trois mille francs, et les religieuses emploient les orphelins élevés dans l'hospice pour distribuer pendant la saison des prospectus publicitaires..
 ➵ En 1866 : l'Hôpital se dote même d'une presse mécanique. Les confiseurs se mettent de la partie : Larbaud aîné, de Nolhac, Nony, Rondepierre, Pierre Auroux. Dans certains cas, les pastilles sont de simples bonbons ne comportant ni bicarbonate, ni gomme adragante. La Compagnie fermière, gérante des sources de Vichy pour le compte de l'Etat, se trouve aussi concurrencée par des sociétés rivales propriétaires de sources à Vichy ou dans son bassin de Vichy. Ainsi, la Compagnie générale d'eaux minérales et de bains de mer, propriétaire entre autres des Sources Lardy et Larbaud, installe à proximité de la Source Lardy un appareil évaporatoire qui justifie la commercialisation dans le bassin par ses soins de sels et de pastilles de Vichy.

L'une des principales causes de la concurrence réside dans l'ambiguïté, entretenue jusqu'en 1905, entre pastilles "de Vichy" et pastilles au bicarbonate dites de Vichy. De ce fait, non seulement tous les propriétaires de sources peuvent en extraire des sels et en faire des pastilles, n'importe qui peut fabriquer des pastilles vendues comme "Vichy" à partir de bicarbonate du commerce, quitte à prétendre frauduleusement qu'elles sont à base des sels extraits de sources de la Compagnie fermière. La Société nationale des eaux de source et des eaux minérales, propriétaire de la source des Etoiles à Vichy, fait de même en 1913. La Compagnie absorbe peu à peu les sociétés des pastilleurs concurrents qui utilisaient les sels fournis par la Compagnie et pouvaient, de ce fait, prétendre à l'appellation "pastille de Vichy" en commercialisant leur propre marque (les pastille Vichy-Étoiles et Vichy-Lardy). .
 ➵ Encore en 1971, la Compagnie commercialise les pastilles sous ces différentes appellations en plus des marques Vichy-Etat et Vichy-Agréa. Les sociétés commerciales rachetées par la Compagnie fusionnent avec celle-ci en 1973 dans la Société nouvelle des Pastilles de Vichy (SNPV), vendue en 1988 au groupe Warner-Lambert. La Compagnie continue de lui fournir les sels, extraits de la Source Chomel. Aujourd'hui la société appartient au groupe Carambar, seul producteur des "pastilles de Vichy", tandis que Moinet, le plus ancien confiseur de la station, continue de commercialiser ses propres pastilles sous l'appellation "Bassin de Vichy".